RAPPEL

  • Maison Jean-Baptiste Masse
  • 3 épouses et 19 enfants
  • Début de la construction vers 1809
  • Patriotes en 1837
  • Magasin général, auberge, hôtel et manufacture
  • Démarche de sauvegarde en 1970
  • Classée le 5 octobre 1977 par MCCQ
  • Depuis 1988 loge la Maison nationale des Patriotes

QUESTIONS

À quoi servait les murs coupe-feu ?

À contrôler les incendies dans les villes à la suite d’un règlement en 1754, mais n’était pas nécessaire dans ce contexte rural.

ANECDOTES / NOTES

Pour visiter la Maison nationale des Patriotes

HISTORIQUE

La Maison Mâsse est un élément phare dans le paysage local. Le bâtiment se situe à deux pas du Parc des Patriotes donnant sur l’ancien Chemin du Roy à l’angle de la rue Saint-Thomas. Sur ce lot, on retrouve la Meunerie Adréus Bonnier (1940) ainsi qu’une maison de bois située au sud-est de cette dernière.

L’endroit était occupé par une maison en bois probablement érigée par le marchand Thomas Jacobs, frère de l’important homme d’affaires Samuel Jacobs, venu avec les troupes anglaises au pays dans les années 1760. Thomas Jacobs avait épousé la sœur de Jean-Baptiste Mâsse, et on peut penser que c’est ce mariage qui a attiré Jean-Baptiste à Saint-Denis.

Forgeron, et plus tard aubergiste et marchand, Jean-Baptiste Mâsse est arrivé de Québec en 1790 et a d’abord vécu dans la maison de bois. En 1791, il s’est marié avec Geneviève Marchesseau de Saint-Antoine, qui ne lui a pas laissé d’enfants. Cependant, sa seconde épouse Marie Josephte Moras dite Laurin de Saint-Denis, le comblera de neuf enfants. Il en aura dix autres avec une troisième femme, Marie Josephte Hodgins.

Dès 1806, la famille et les affaires prenaient de l’ampleur : Jean-Baptiste décide de se construire une nouvelle habitation. Il avait renoncé au métier de forgeron pour celui d’aubergiste, puis marchand. Il avait besoin d’un bâtiment très grand pour loger sa famille et lè magasin général qu’il venait d’ouvrir.

C’est en 1809 que M. Mâsse entreprit la construction de cette maison en pierre, de style monumental, mais à un étage seulement. Le deuxième étage a été ajouté 10 ans plus tard.

Il est aussi patriote et prend part à la bataille de 1837. Le 2 décembre et pendant quelques jours, l’auberge servit de logis aux officiers britanniques à leur retour après leur défaite. Ils l’ont pillée avant de partir, mais ils ne l’ont pas incendiée comme plusieurs autres bâtiments du village. Après le décès de Jean-Baptiste en 1841, la maison resta dans la famille, mais au cours du 19e siècle, elle fut tour à tour hôtel avec permis d’alcool ou hôtel de tempérance, selon le parti au pouvoir.

En 1845, Jean-Baptiste Lusignan, gendre de Masse et marchand de Saint-Denis, achète la maison et y établit un magasin général. Romuald Saint-Jacques, un autre marchand du bourg, lui succède en 1853 et y tient aussi un magasin général. La demeure est acquise par la famille Guertin en 1867 et sert d’auberge jusqu’en 1902. L’hôtelier Joseph Dragon prend par la suite possession de l’auberge et maintient cette fonction jusqu’en 1912.

Entre 1927 et 1936, la Maple Leaf Overali Company transforme la maison en manufacture d’habits de travail et y emploie jusqu’à 40 personnes. En 1943, elle devient la propriété du Syndicat coopératif agricole de Saint-Denis et est utilisée comme magasin de marchandises agricoles et comme entrepôt. En piètre état, on parle de la démolir dans les années 1970.

La maison Jean-Baptiste-Mâsse est classée en 1977. Trois ans plus tard, le ministère des Affaires culturelles s’en porte acquéreur. Propriété de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), elle loge depuis 1988 la Maison nationale des Patriotes, un centre d’interprétation dédié aux événements qui se sont déroulés à Saint-Denis-sur-Richelieu et à l’histoire plus générale du mouvement patriote.

SAUVEGARDE

Son histoire récente commence avec les demandes répétées faites au gouvernement du Québec, à partir des années 1970, pour en faire un Musée national des Patriotes, par les groupes qui venaient manifester au parc à l’automne. Une demande que le député Jean-Pierre Charbonneau appuya dès son élection et qu’il fit aboutir en 1984. Un premier pas avait été fait par le ministre de la Culture en 1977 : le classement de la maison et de la meunerie, puis leur achat en 1980.

Dès le départ, le Comité de la Fête des Patriotes Saint-Charles et Saint-Denis (ancêtre de l’actuelle Société d’histoire des Riches-Lieux) prit le projet à cœur. À la demande du maire du village, M. Michel Chapdelaine, en 1984, le comité entreprit des démarches avec le député Charbonneau auprès du Ministère des Affaires Culturelles, Clément Richard, lequel précisa d’abord qu’il voulait non un musée, mais un centre d’interprétation sur toute l’histoire des années 1815 à 1848.

Ce ministre trouva les crédits nécessaires et les travaux commencèrent dès 1985. Une société fut formée avec des représentants de quelques sociétés nationales et de sociétés d’histoire sous le nom de PATRIOTES DU PAYS. Un bail de 20 ans fut signé pour la gérance des lieux en octobre 1985 et les travaux furent entrepris rapidement. Ceux-ci furent plus difficiles que. prévus, de sorte que la Maison ne put ouvrir ses portes qu’en juin 1988.

ARCHITECTURE

La Maison Mâsse est un bâtiment en pierre de 2 étages sur rez-de-chaussée dont le plan au sol adopte la forme d’un rectangle trapézoïdale afin d’optimiser la surface du lot en référence des seigneuries qui s’aligne à partir du fleuve. D’imposantes cheminées groupées surmontent les murs pignons.

Cette résidence traditionnelle québécoise est du type urbain, à cause de ses murs coupe-feu. Elle affiche clairement ses origines françaises. La maçonnerie de moellons grossièrement équarris présente des chaînes d’angle dans les coins. Au niveau du toit, les murs pignons se projettent en porte-à-faux et sont soutenus par des corbeaux en pierre de taille.

Ils s’élèvent au-dessus des rampants pour culminer en un imposant massif de cheminées jumelles. La demeure est coiffée d’un toit à deux versants droits percé de petites lucarnes à pignon, trois à l’avant, deux à l’arrière.

À L’INTÉRIEUR

Un puits au sous-sol, récemment mis au jour lors de fouilles archéologiques, ajoute à l’intérêt historique et architectural de cette maison ancienne. En plus d’assurer un approvisionnement en eau bien abrité et à proximité des cuisines, le puits fournit un espace pour conserver les denrées périssables. Une glacière ainsi que six foyers à bois complètent le confort des utilisateurs.

L’AFFAIRE SAINT-DENIS (Anecdote)

Au retour de l’armée anglaise, le 2 décembre 1837, les soldats occupèrent une partie de la Maison Mâsse durant quelques (7) jours. Un officier voulut entrer dans la chambre de la

servante durant la nuit, puis elle cria et le soldat se sauva. Il fut mis aux arrêts par son capitaine rapidement. Le lendemain matin tôt, soit par excitation, soit par obscurité, elle se trompa de plat, et mit au feu les pelures de pommes de terre et de poireaux, les queues d’oignons et les grattures de carottes, en un mot tous les débris de légumes et de viande qui devaient être jetés. Elle reconnut sa bévue à l’heure du déjeuner, mais il était trop tard, elle devait toutefois servir ses invités impromptus sur le champ. Elle prit son courage à deux mains et servit ce margouillis (mélange d’ordures). Elle craignait la réaction de ses convives. Les officiers furent surpris par cette spécialité régionale, mais apprécièrent et de dire : « Bonne, bonne, bonne ! »

RÉFÉRENCES :

Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Les chemins de la mémoire, tome 2. Joanne Watkins. Ministère de la Culture, des Communications du Québec. COLLECTIF, Album paroissial de 1990 p. 167-168, / PERRIER, Onhl, 25 ans au service des Patriotes et du Patrimoine _Société d’histoire des Riches-Lieux, 2003, 364 p. / LUSIGNAN, Alphonse, L’affaire de Saint-Denis, Le Canada français, la revue des professeurs de l’Université Lavai, 1890. / COLLECTIF, Balades patrimoniales à la découverte des trésors architecturaux, M.R.C. de la

Vallée du Richelieu, McMasterviile, 2017, 211 p.