RAPPEL
- Plan original de l’église par le curé Cherrier
- Vitraux colorés représentant les douze apôtres
- Les symboles au plafond
- Le curé Cherrier
- Occupation durant la bataille
- Retour de l’armée à l’église de 2 décembre 1837
QUESTIONS
Cette église fut-elle impliquée dans la bataille du 23 novembre 1837 ? Réponse : plus bas sur cette page.
HISTORIQUE
Commençons par admirer l’ensemble de cet intérieur. Si on y arrive par un bel après-midi ensoleillé, on sera tout simplement émerveillé. La structure d’ensemble, avec son plafond en anse de panier, les colonnes ioniques cannelées avec leurs chapiteaux corinthiens, les retables, les corniches, les nombreux décors en bois sculpté appliqués aux murs, le choix des couleurs, tout est merveilleusement beau.
Plan original de l’église par le curé Cherrier :
Le curé François Cherrier a tracé les contours du nouveau temple en indiquant l’emplacement des clochers, des portes et des fenêtres, le chevet (chœur) en demi-cercle, l’emplacement des colonnes aussi et des traits obliques qui annoncent peut-être les futures galeries latérales. On voit aussi que la première sacristie était placée perpendiculairement à la nef. Au verso du document, on voit (en anglais) : Filed ait the board, le 1er mars 1793.
L’approbation de l’Évêque figure comme tel : Vu et approuvé à Saint-Denis le 9 juin 1792 + Jean François, Évêque de Québec. À cette époque, iI n’y avait qu’un seul diocèse au Bas-Canada.
Ajoutons les vitraux colorés représentant les douze apôtres, installés en 1923 par la maison O’Shea, de Montréal et restaurés récemment. Assoyons-nous et regardons la voûte où figurent les symboles les plus parlants du christianisme : la « gloire » où Dieu se définit « Je suis celui qui est » ; la lyre, qui rappelle la musique religieuse de ce monde et préfigure les chants célestes à venir ; l’ancre, symbole de la foi ; JHS, Jésus Hominium Salvator, le AM entrecroisé qui est un clin d’œil à Marie, Mère de Dieu et de l’Église…
Cette église fut-elle impliquée dans la bataille du 23 novembre 1837 ?
• … La bataille s’est déroulée à l’entrée nord du village. La victoire des Patriotes a empêché les troupes britanniques de se rendre à l’église. Et leurs canons n’avaient pas de raison de tirer sur ce bâtiment. La seule implication : Wolfred Nelson aurait demandé, à ceux qui n’avaient aucune arme, de s’y mettre à l’abri et de se tenir prêt à intervenir au besoin.
Quand l’armée revint, le 2 décembre, pour punir et dévaster, elle y fit peu de dommages parce que le curé Demers avait manifesté sa loyauté à la couronne. On dit que les soldats se contentèrent de déchirer quelques vêtements liturgiques.
RÉFÉRENCES :
PERRIER, Onil, 25 ans au service des Patriotes et du Patrimoine—Société d’histoire des Riches-Lieux, 2003, 364 p. I RICHARD, Dr Jean-Baptiste, Les églises de Saint-Denis, Société d’histoire régionale de Saint-Hyacinthe, 1939, 77 p.
LE MOBILIER DE L’ÉGLISE DE SAINT-DENIS
Chœur de l’église de Saint-Denis-sur-Richelieu. © Luc Charron
RAPPEL
- Maître-autels : primitif et en marbre
- Autels latéraux par Louis-Amable Quevillon en 1804
- Chaire sculptée par Urbain Brien dit Desrochers
- Abat-voix, baptistère, le chandelier pascal, le lutrin
ANECDOTES I NOTES
La sainte table ou table de communion (balustrade), un gros meuble elle aussi. Saint-Denis a encore la sienne, entre la nef et le chœur. Mais elle ne sert plus depuis le Concile Vatican 11(1962-1965) : les fidèles ne viennent plus s’agenouiller pour recevoir la communion sur la langue ; ils viennent plutôt la recevoir debout, dans leur main.
Le banc du seigneurial était situé du côté de l’épître et occupait, sans division, la rangée double. Par la suite, il fut occupé par les Révérendes Soeurs de l’Hospice St-Louis pour disparaître avec les travaux d’agrandissement de l’église en 1922.
HISTORIQUE
Chacun de ces Meubles exceptionnels a été décrit plus d’une fois dans divers documents, dont le DÉPLIANT de la Fabrique, qui en montre la photo de plusieurs. Voici une courte description de chacun.
Les deux maîtres-autels : ils ont chacun leur histoire. Le plus ancien, l’autel primitif, a été ciselé en 1772 par deux artisans de Montréal et transporté à Québec pour recevoir une dorure. Il fut remplacé en 1880 par un autel beaucoup plus riche, en marbre, mais cet autel primitif est revenu en 1974 pour servir d’autel face au peuple. Il fascine les spécialistes par ses dentelles de roses et l’absence des griffes de lion aux coins. Son histoire est racontée en détail à la p. 200 de « 25 ans au service… »
L’autel de marbre de Carrare, donné par un riche paroissien en 1883, a été CONSACRÉ en même temps que l’église elle-même par le bienheureux évêque Zéphirin MOREAU, le 3 octobre 1883. On voulait souligner le centenaire de l’arrivée des religieuses de la Congrégation Notre-Dame en 1783.
Les autels latéraux sont eux aussi à noter parce qu’ils ont été fabriqués, avec leur retable, par l’équipe du célèbre Louis-Amable Quevillon en 1804.
La chaire, comme les autres meubles, a été sculptée par l’équipe d’Urbain Brien dit Desrochers, au cours des années 1813 à 1818. Elle est d’un raffinement exceptionnel avec sa nacelle bombée montrant les quatre évangélistes accompagnés de leur symbole. (photo dans 25 ans p. 1 88)
L’abat-voix a été ajouté en 1933, au terme de la reconstruction de la façade, par Paquette et Godbout, avec éclairage électrique.
Le baptistère, sculpté lui aussi par l’équipe Brien dit Desrochers, a été installé à l’époque entre les deux portes à l’arrière, sous un très beau baldaquin qui fait maintenant partie du décor de la sacristie.
Le chandelier pascal aurait de même été sculpté par cette équipe d’artisans très talentueux à qui l’on doit les décors de plusieurs églises. Il a été réparé et redoré en l’an 2000 (?)
Le lutrin en forme d’aigle. Cet objet très rare servait aux chantres qui psalmodiaient (chant monotone) les vêpres le dimanche après-midi dans les années 1810-1820. On y déposait d’immenses antiphonaires. Il y en avait deux, mais l’un a été cédé à un collectionneur avant 1900.
De la maison Casavant de Saint-Hyacinthe, l’orgue actuel se trouve au 2e jubé, il est arrivé à Saint-Denis, le 15 juin 1926 et bénit le 10 octobre suivant, Il comporte dix-sept jeux d’orgue.
RÉFÉRENCES :
RICHARD, Dr Jean-Baptiste, Saint-Denis-sur-Richelieu 1900 à 1940, Société d’histoire régionale de Saint-Hyacinthe, 1943, 251 p. I RICHARD, Dr Jean-Baptiste, Les églises de Saint-Denis, Société d’histoire régionale de Saint-Hyacinthe, 1939, 77 p.
Tableau de la collection Desjardins dans l’église de Saint-Denis. © Luc Charron
RAPPEL
- Récupérés et cachés lors de la Révolution française
- L’abbé Philippe-Jean-Louis Desjardins et son frère l’abbé Louis-Joseph Desjardins
- Les tableaux passent par New York en 1816
- 180 tableaux sur 2 périodes
- La somme de 930 dollars pour les six tableaux ?
- Plusieurs peintres québécois ont vu le jour, dont Jean-Baptiste Roy-Audy, Antoine Plamondon et Théophile Hamel
QUESTIONS
Combien ont coûté les six tableaux venus de France ? Selon le livre de délibération de la Fabrique que 930 piastres.
LES 6 PEINTURES DE MAÎTRES DES 18e SIÈCLE
LA COLLECTION DESJARDINS
En 2017, eut lieu l’exposition Le fabuleux destin des tableaux des Abbés Desjardins au Musée des Beaux-Arts de Québec. Cette grande exposition a souligné le bicentenaire de l’arrivée au Canada de quelque 180 tableaux (Laurier Lacroix) initialement exécutés pour les églises de Paris durant les XVI le et XVllle siècles par des artistes peintres renommés. Récupérés et cachés lors de la Révolution française, puis rassemblés par l’homme d’Église Philippe-Jean-Louis Desjardins afin d’être expédiés à Québec en 1817 et en 1820, pour être vendus dans les paroisses et communautés religieuses alors en pleine expansion.
Il est sidérant d’apprendre les péripéties des œuvres : quatre rouleaux et une caisse totalisant 120 tableaux quittent le port de Brest pour New York en 1816. Sur place, il faut s’occuper du transport qui se fait pendant l’hiver 1817 en traîneau ! Louis-Joseph Desjardins reçoit les œuvres à Québec dans la chapelle extérieure des Augustines, qui est transformée en atelier. Plusieurs jeunes artistes y remontent les peintures sur des châssis et les restaurent avant qu’elles ne soient vendues à diverses paroisses et communautés. Le scénario se répète en 1820 avec une soixantaine de tableaux.
Dans le fonds Desjardins, on retrouve plusieurs grands noms de la peinture française, tels que : Claude Vignon, Simon et Aubin Vouet, frère Luc, Charles-Michel-Ange Challes, Jean-Baptiste Corneille, Daniel Hallé, Pierre Puget, Michel Dorigny, Louis Boulogne le jeune, Joseph Christophe, Pierre Dulin, Samuel Massé, Jean-Jacques Lagrenée, Français-Guillaume Ménageot ou encore Matthias Stomer, parmi eux des peintres de la cour du roi de France.
L’abbé Philippe-Jean-Louis Desjardins (1753-1833) connaissait bien la situation des églises du Québec par son frère, l’abbé Louis-Joseph Desjardins (1756-1848), aumônier des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec. Il faut se remettre dans le contexte.
À cette époque, le clergé et les communautés religieuses sont alors en pleine expansion et ne disposent pas suffisamment d’œuvres de qualité dignes de servir de support à la dévotion. Parallèlement, des artistes canadiens, tels les Jean-Baptiste Roy-Audy, Joseph
Légaré, Antoine Plamondon et Théophile Hamel, se forment à la peinture en procédant à la restauration des œuvres françaises et en les copiant à la demande des commanditaires, palliant ainsi la pénurie de peintres dans la colonie britannique.
On assiste alors à la naissance de la peinture canadienne, mais également à la création des premières collections d’œuvres d’art au Québec et à l’apparition d’un premier musée, grâce à Joseph Légaré. Sa collection sert d’élément déclencheur à la constitution des deux premiers musées d’art créés au Québec au XIXe siècle.
Les tableaux Desjardins ont donc joué un rôle capital dans les carrières d’artistes peintres canadiens qui ont, par la suite, diversifié leur production.
LES TABLEAUX :
Toiles françaises de la collection Desjardins
• La Nativité, peint en 1716 par Antoine Coypel, premier peintre des rois de France Louis XIV, dont quelques toiles sont exposées au Louvre et au château de Versailles.
• L’Éducation de La Vierge avec Saint-Joseph, peint par Otto van Veen, un peintre flamand qui fut un maître de Rubens.
• La descente de la Croix, une œuvre inspirée des frères Carrache, issus d’une famille de peintres italiens de la fin du XVle siècle. (Autre mur)
• La fuite en Égypte, attribué à Collin de Vermont (1693-1761) (Autel latéral droit)
• La Sainte Famille à Nazareth, d’OUa van Veen, un peintre flamand qui fut un maître de Rubens.
• Le Martyre de Saint-Barthélemy, peint par Jacques-Antoine Delaistre (1690-1765). Cette toile ornait autrefois l’église Saint-Eustache de Paris. (Autre mur)
Toiles et peintres québécois
• Le Martyre de Saint-Denis, peint à la fin du )(VllIe siècle, est attribué à François Baillargé, peintre et sculpteur québécois (1759-1830) (Maître autel)
• Le Baptême de Jésus, du peintre Yves Tessier (1800-1843) (Sacristie)
*Le 5juin 1817, pour la somme de 930 $ M. le curé J.-B. Kelly achète pour la fabrique de Saint-Denis six de ces tableaux. (Richard p. 47)
HISTORIQUE :
*Archives de la Fabrique de Saint-Denis-sur-Richelieu. Extraits du Livre de Comptes 1(1755-1821). p. 103 [verso]
Année 1817- Dépenses – payé à Mr Desjardins à compte de six tableaux 3353,17 $
fait de plus le rendant compte mention de la dépense de la somme de quatorze cent quatre-vingt-dix-sept livres payée par Messire Kelly à fre Desplantes à compte des tableaux 1497 $
année 1818 – Dépenses payé à Mr Despiantes pour acquitter les tableaux 720 $ (Dépense de la Fabrique, Laurier Lacroix)
Note : Quelques divergences des auteurs des toiles…
RÉFÉRENCES :
LACROIX, Laurier, Le fond de tableaux Desjardins : Nature et influence, Thèse, 1998, 1231 p. / Huffpost 119 juin 2017 ! Dépliant Église de Saint-Denis